Le stage a été effectué du 31 janvier 2023 au 15 Juin 2023, au sein du Fresnoy-Studio national des arts contemporains, auprès de l’artiste Léa Collet pour son projet d’installation Digitalis réalisé à la Cité Scientifique de l’Université de Lille, au Conservatoire Botanique National de Baïlleul et aux pôles image et installation du Fresnoy. J’ai été chargé d’assistanat à la réalisation, parallèlement à la poursuite de mon cursus en Art.image, 4ème année à l’École Supérieure d’art Dunkerque/Tourcoing, site de Tourcoing.
Remerciements
Avant de présenter le travail effectué pendant ces mois de stage, il me semble approprié de commencer par remercier Léa Collet, ma référente de stage, qui m’a permis de l’accompagner dans la réalisation de son projet avec beaucoup de bienveillance et m’a fait découvrir l’envers du production. Je remercie Nathalie Stefanov responsable de la filière Art. image, qui a su me conseiller ainsi que l’équipe de l’École Supérieure d’Art Dunkerque /Tourcoing et celle du Fresnoy pour leur formation permettant la collaboration entre les deux écoles. Un grand merci à Eric Prigent qui a toujours su prendre soin des étudiants d’Art.image et nous a accordé une confiance et un accès au Fresnoy. Ce stage n’aurait pu être possible sans eux.
Introduction
J’ai effectué un stage au sein de l’institution du Fresnoy du 31 Janvier 2023 jusqu’au 15 Juin 2023, auprès d’une artiste-étudiante de la promotion Marguerite Duras de 2021-2023 : Léa Collet. Le projet de cette artiste, Digitalis, est de réaliser un travail de recherche autour d’une réflexion sur notre condition numérique et notre relation au monde naturel. Le but de son projet est de décoder et d’enregistrer notre relation avec la machine, de proposer des scenarii alternatifs pour reprendre le contrôle des outils technologiques. Ce travail envisage de parler de la perte de la propriété privée et des hiérarchies de “l’être”.
Ce travail d’enquête a pris la forme d’une installation performée composée d’une structure où l’imagination artificielle, la mutation technologique et les processus organiques forment de multiples circuits. Cette structure est faite de tuyaux en acier contenant des écrans diffusant des vidéos des recherches de mutations de jeunes adolescent.e.s, de fleurs décéllularisées, de brumisateurs, de haut-parleurs ainsi que d’un diffuseur de parfum et de lumière. Tout est mis en scène et automatisé sous la forme d’une boucle performative de 20 minutes. Cette boucle narrative de science-fiction est réalisée et co-écrite en collaboration avec un groupe de collégiens de Tourcoing et une intelligence artificielle.
Mon rôle était d’assister à la réalisation. Pour cela, je devais aider Léa Collet et son équipe au tournage qui a eu lieu dans 3 différents endroits (Cité Scientifique de l’Université Lille, Conservatoire Botanique National de Bailleul, Fresnoy). Nous nous sommes aussi rendus au pôle installation pour préparer la structure pour l’exposition. Dans ce projet, j’ai pris en charge les tâches suivantes : la création des masques avec des fleurs, la préparation du décor au pôle image du Fresnoy, l’assemblage des fleurs sur la structure, l’ occupation et la préparation des collégiens et l’observation du tournage et la post-production.
En compagnie de l’artiste, j’ai eu la chance de mieux visualiser les enjeux et les différents soutiens qui peuvent intervenir dans un processus créatif. J’ai ainsi pu découvrir et élargir un grand nombre de compétences liées à la mise en place d’un tournage professionnel. J’ai pu m’impliquer dans les décors, la lumière, les masques, etc. Ces tournages ont été ma première expérience dans le monde de la création artistique professionnelle, ce qui m’a vraiment ému.
Au-delà d’enrichir mes connaissances, ce stage m’a permis de comprendre dans quelle mesure les relations entre l’humain et la technologie et aussi entre l’art et la science sont importantes pour créer une œuvre d’art contemporain. Les recherches de Léa Collet sur les fleurs, le fait d’être en contact avec les scientifiques, de tenir compte des opinions et des souhaits des collégiens, de travailler avec des experts à chaque étape de production m’ont donné la chance de découvrir la multidimensionnalité d’un projet professionnel.
Description
Mon stage a consisté essentiellement en deux étapes : les tournages et la création de l’installation. J’ai pu apprendre les différentes étapes d’élaboration et de conception d’une œuvre. J’ai vu le travail de réalisation pour la mise en place de la structure finale, en prêtant attention aux désirs artistiques de Léa Collet aux différentes contraintes techniques en fonction de son budget défini.
Mon stage a commencé par le premier tournage qui a eu lieu à la Cité Scientifique de l’Université de Lille. Ce jour-là, qui était ma première expérience de tournage, j’ai eu la chance d’observer comment les salles de cours universitaires, qui ne sont normalement pas utilisées comme studio de tournage, sont adaptées au tournage avec des ajustements de lumière, de son et de décor. Nous en avons également fait des scans 3D à l’aide de modèles de plantes Brendel dans les archives du Département de Biologie. Ces modèles en papier mâché ont vraiment retenu mon attention. Parce que j’utilise aussi le papier mâché dans ma pratique de la sculpture. Travailler avec des collégiens était à la fois agréable et en même temps difficile. Leur énergie a dynamisé le tournage mais aussi nous avons dû faire beaucoup de répétitions car ils n’étaient pas des acteurs professionnels. En même temps, les prises de vue que nous avons faites dans les serres en interaction avec les plantes étaient aussi très intéressantes.
Notre deuxième tournage s’est déroulé dans le studio pôle image du Fresnoy. Nous avons fabriqué des masques avec Reno L. masques qui devaient être utilisés dans le tournage. Reno L. est un styliste et également un fleuriste. Il transfère sa formation en art et design pour faire des projets avec des fleurs. Grâce à ce projet, j’ai eu la chance de bénéficier de ses connaissances et d’apprendre beaucoup de techniques sur la fabrication de masques avec des fleurs : quelles fleurs peuvent être utilisées pour la fabrication de masques, traitements spéciaux pour coller et attacher des fleurs, durabilité des différentes fleurs, etc.
Comme Reno L. n’était pas en studio le jour du tournage, il était de mon devoir de mettre ces masques sur les collégiens et de faire les adaptations nécessaires. De plus, nous avons réalisé ce deuxième tournage en utilisant la structure qui est construite dans le pôle installation du Fresnoy. J’étais responsable du déplacement de cette structure et de la préparation pour le tournage en attachant des fleurs. Le tournage en studio était différent du tournage que nous avions fait auparavant. En studio, nous avons pu obtenir des images très impressionnantes grâce au réglage de la lumière et à la machine à fumée. Mais en même temps, comme on travaillait avec des fleurs vivantes, nous avons dû faire un effort particulier pour maintenir les fleurs en vie.
Nous avons fait notre troisième tournage au Conservatoire Botanique National de Bailleul. Le Conservatoire botanique de Bailleul est l’un des 12 Conservatoires botaniques nationaux de France. Son champ d’investigation couvre les Hauts-de-France et l’ancienne Haute-Normandie. Ils préservent et font connaître les espèces végétales et leurs associations dans les milieux naturels. Pour le tournage, on était avec les collégiens. Premièrement on a visité le conservatoire et exploré les espèces endémiques avec des botanistes. Et on a y réaliser un tournage sur les interactions des enfants avec des fleurs, les espèces vivantes et la nature. Puisque nous étions dans la nature, nous avons utilisé la lumière naturelle. Cela nous a beaucoup aidé. Cependant, lors de l’enregistrement du son, certains bruits qui venaient d’ailleurs nous ont amené à renouveler la prise de son à plusieurs reprises.
Après ces tournages, j’ai travaillé avec Léa Collet sur la structure pour l’installation. Fondamentalement, nous avons étudié le processus de préservation des plantes. Pour cela, on a examiné la méthode de décellularisation qui élimine le matériel cellulaire d’un tissu ou d’un organe, laissant derrière elle un échafaudage acellulaire constitué de la matrice extracellulaire. Comme Lea voulait de couvrir sa structure avec des fleurs, on a travaillé pour protéger les couleurs et les formes des fleurs. On a utilisé le gel de silice pour faire des fleurs séchées. Après qu’elles aient sèché, on les recouvre avec du silicone. Aussi, j’ai partagé mes connaissances afin de réaliser du bioplastique à partir du vinaigre, d’amidon et du glycerin vegetal avec Léa. On a testé cette méthode pour avoir un effet similaire à celui du silicone. En même temps, nous avons travaillé avec Léa sur le câblage des systèmes son et lumière à intégrer dans l’installation, en réalisant les soudures appropriées.
Les Apports du Stage
Au cours de ce stage, j’ai beaucoup appris. Les apports que j’ai tirés de cette expérience professionnelle peuvent être regroupés autour de trois idées principales : les compétences acquises, les difficultés rencontrées et les solutions apportées. L’un des plus grands apports de ce stage fut de voir l’organisation et le nombre de corps de métier différents à la création d’un projet artistique. J’ai commencé mon stage le 31 janvier 2023. Mais Léa avait commencé son projet depuis le début de l’année scolaire. C’ est une artiste très bien organisée. Elle avait planifié toutes les étapes de son projet dès le début. Même s’il y avait un problème, elle trouvait des solutions. J’ai beaucoup appris d’elle sur la gestion du temps et des problèmes. Avant ce stage, je n’avais jamais eu l’occasion de voir la création des vidéos professionnelles. J’ai eu l’opportunité de pouvoir échanger avec toute l’équipe de ces tournages. Aussi, j’ai passé beaucoup de temps à créer des parties de l’installation dans le pôle installation où j’ai appris différentes techniques, appréhendé différents matériaux pour travailler avec des plantes. Grâce à ce projet multidimensionnel, j’ai pu découvrir des formes différentes qui peuvent traduire les sujets de recherche en faisant des expérimentations plastiques. Ce stage fut l’occasion de découvrir le travail de Léa Collet d’une manière plus intime, je respecte et admire énormément son travail qui explore la relation des humains avec la nature et la technologie et je suis honoré d’avoir pu travailler sur l’un de ses projets.
Conclusion
Pendant cet enrichissant stage, j’ai eu l’opportunité de découvrir les différentes étapes de réalisation d’un projet et de comprendre les difficultés que les artistes peuvent rencontrer dans le processus de production. Les rencontres que j’ai eu avec Léa Collet et son équipe m’ont également confirmé l’importance de la communication dans le processus de création. Ainsi, grâce à ce stage, j’ai compris les engagements et le travail nécessaires à tel un projet professionnel, qui a un budget défini. Les échanges avec Léa Collet m’ont apporté de nombreuses références artistiques qui m’inspirent pour mes futurs projets liés à l’art avec plantes, la nourriture et les bacteries. Grâce à ce projet, j’ai appris à penser de manière multidimensionnelle dans ma production artistique. J’ai réalisé la richesse de produire une œuvre d’art en utilisant de nombreuses formes et techniques différentes.