Alexandre Ries – stage auprès de Faye Formisano

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Alexandre Ries et l’équipe caméra pendant le tournage du film. © Olivier Sola

Stage réalisé au Fresnoy entre janvier et avril 2019 auprès de l’artiste étudiante Faye Formisano sur son film Insemnopedy, Le Rêve de Victor F.

Lien vers le film: https://www.lefresnoy.net/panorama21/artwork/1182/insemnopedy-i-the-dream-of-victor-f/faye-formisano

Remerciements

Faye Formisano, Eric Prigent, le magasin image du Fresnoy, le pôle post production du Fresnoy, Pascal Auffray, Charles Gallay.

Introduction, une expérience particulière

Faire un stage au Fresnoy en tant qu’étudiant Ar+image est une expérience particulière, unique, qui ne ressemble pas à un stage traditionnel auprès d’un artiste ou d’une institution artistique. La principale différence est que nous commençons à fréquenter Le Fresnoy en même temps que les étudiants de première année du Fresnoy, nous participons aux mêmes workshops, ateliers, journées d’études etc… Nous apprenons ainsi à nous connaître mutuellement lors de ces premiers mois, dans une ambiance de découverte collective de cette institution qu’est le Fresnoy. Ainsi nous avons du temps pour échanger et découvrir l’ensemble des étudiants et leurs projets respectifs et de faire le choix de celui qui nous correspondra le mieux parmi les 44 étudiants du Fresnoy.

Avec un bagage universitaire d’études de cinéma et un présent relevant désormais de l’art contemporain avec la filière Ar+image dont je fais parti depuis septembre 2018, je me suis tourné vers le projet de Faye Formisano, un court métrage produit par une institution dont la ligne éditoriale flotte entre art contemporain et cinéma : Le Fresnoy.

Cette expérience est pour moi l’opportunité de découvrir et de participer à la réalisation d’un projet de cinéma à échelle 1/1 c’est-à-dire produit avec des moyens professionnels. J’ai pu ainsi accompagner toutes les phases travail du film, de la pré production à la finalisation du film en passant par la réalisation et la post production.

Le stage m’a permis d’adopter différentes positions, en tant qu’observateur apprenant mais aussi en tant que participant à part entière en mettant au service du projet mes compétences, tantôt artistiques, tantôt techniques.

L’idée du film, un rêve halluciné

Il s’agit d’un court métrage dont l’histoire est inspirée du roman Frankenstein de Mary Shelley. Plutôt que de proposer une nouvelle adaptation du roman, l’artiste étudiante a choisi de mettre en scène et en image un court passage du livre qui évoque le rêve qu’a fait le Docteur Victor Frankenstein après avoir fabriqué la créature. Lors de cette nuit agitée, Victor fera un rêve halluciné qui le plongera dans les tourments de ses passions douloureuses. Il reverra notamment la mort de sa mère mais aussi son amour d’enfance Elisabeth, et tous ces corps ne feront qu’un dans une sublimation dansée généralisée.

Cette adaptation libre et personnelle de l’artiste apporte une nouvelle lecture du mythe qui a inspiré nombre de cinéastes et autres artistes depuis maintenant deux siècles. Le film propose un style surréaliste inspiré de la vague expressionniste allemande et sera proposé en image noir et en blanc.

Une aventure humaine

Tout d’abord lors de cette phase j’ai suivi le projet en observant la manière dont l’artiste met en corrélation ses références littéraires, cinématographiques, plastiques, musicales. J’ai eu accès à son univers à travers des discutions informelles. Lors de la phase d’écriture du story-board j’ai eu l’occasion, à certains moments, pour certaines scènes, de l’aider à traduire ses idées et ses intentions en une mise en scène cinématographique en me servant de mon expérience personnelle et de mes connaissances en cinéma. Ce partage fut enrichissant car j’ai eu le sentiment d’apporter quelque chose au projet en développement.

Sound design, une plongée dans la sonothèque du Fresnoy

Insemnopedy est un film tourné sans sons, tous les sons du film proviennent de voix enregistrées en studio, de bruitages et de sons piochés dans la sonothèque, la banque de sons du Fresnoy. Pendant toute une après-midi dans une cabine du pôle son j’ai été chargé de faire des recherches de sons particuliers afin de préparer l’univers sonore du film. Ainsi j’ai trouvé et rassemblé des sons de portes qui claquent, de verres brisés, de pas sur du parquet, de sifflements de serpents, etc…

Décoration

La mission me fut confiée de m’occuper d’une partie de la décoration du film. J’ai été chargé de décorer le bureau du Dr Frankenstein, ainsi il a fallu trouver des objets et accessoires qui participaient de l’univers de ce Docteur du 19ème siècle.

Création de décors, les linceuls du chaos

La scène centrale du film – le rêve -, s’est déroulé à l’intérieur d’un étrange décors minimal. Il s’agissait d’un grand cube de quatre mètres de côté entièrement constitué de tissus transparents. Ensemble avec l’artiste nous avons peint les faces avec de l’encre de soie noire en traçant des lignes à l’aide d’une brosse. Ensuite nous avons projeté de l’eau aléatoirement sur le tissu. Cette opération a provoqué une propagation de l’encre par capillarité, qui s’est répandue en créant des motifs aléatoires. Par ces formes chaotiques on pouvait y voir un renvoi plastique aux états mentaux sombres et confus du Docteur lors de son rêve.

Répétitions et casting, trouver les spectres et les faire danser

Le docteur n’est pas seul dans son rêve, quatre spectres l’accompagnent comme des formes mouvantes abstraites. Il a fallu ainsi trouver des candidats et les faire se mouvoir lors d’une séance de casting à laquelle j’ai participé, et filmé les candidats. A la fin, avec la réalisatrice et l’assistant réalisateur nous avons choisi ensemble ceux qui correspondaient le mieux.

La technique de la caméra, une immersion dans l’équipe image

Une de mes ambitions principales sur le projet était de continuer mon apprentissage de la technique de l’image afin d’améliorer mes compétences pour mes propres courts-métrages et installations vidéo. C’est pourquoi je me suis proposé pour un rôle spécifique de technicien de l’image pour le tournage. J’ai ainsi occupé le poste de second assistant caméra. Ce poste, que j’avais déjà occupé par le passé, présente une qualité particulière. En effet, en intégrant l’équipe image, on a la chance et l’opportunité de pouvoir travailler au service d’un autre artiste du cinéma, poste clef du tournage : le chef opérateur. Responsable à la fois de la caméra et de l’éclairage du film, il travaille main dans la main avec le réalisateur. Ensemble, ils décident de la mise en scène du film. Être son assistant c’est l’opportunité de pouvoir observer le travail entre ces deux artistes et la manière dont ils donnent une forme concrète à des intentions et du scénario.

En tant que second assistant caméra, j’ai eu la tâche de réaliser les essais caméra, avec le premier assistant caméra, ainsi que le « calage » des optiques. J’ai aussi réalisé en autonomie la « confo cadre » du film, étape de conformité de l’image capturée par la caméra avec son format défini : le 4/3, c’est-à-dire avec des « bandes noires » latérales, comme le veut l’esthétique des films des années 20.

En préparation du tournage j’ai aussi participé à l’équipement de la caméra, cette imposante machine composées de multiples parties distinctes qu’il faut assembler pour en faire un objet fonctionnel qui répond aux besoins exigeants de l’image (objectifs, batteries, moniteurs, filtres etc…).

Sur le tournage, le second assistant est responsable des batteries et des retours vidéo notamment, et il fait l’interface entre la face (là où on tourne) et l’arrière du plateau ; tandis que le premier assistant s’occupe presque uniquement de la mise au point sur la caméra pendant les prises. J’ai été aussi chargé d’effectuer les « backups », c’est à dire les sauvegardes des images enregistrées et de les copier sur les disques durs. Une mission simple mais lourde de responsabilité : tout le travail de l’équipe du film se trouve en ma possession et sous ma responsabilité pendant ce moment où il faut aller mettre physiquement puis numériquement les rushes (fichiers) en lieux sûrs.

Générique, mon apport en création d’images expérimentales

Une fois le tournage terminé, il restait une dernière série d’images à produire, celles qui accompagnent le générique. La réalisatrice a pensé cette séquence comme des images très plastiques et abstraites de tissus en mouvements filmés en plan serré. Justifiant une esthétique du remploi, les tissus utilisés étaient les mêmes que ceux du cube de la séquence du rêve, qui ont été utilisés pour trois usages différents dans le film.

Pour ces images, afin de favoriser un processus de création expérimental, Faye Formisano a choisi de réduire l’équipe au minimum : elle et moi. J’ai eu l’honneur d’être l’unique opérateur caméra pour cette séquence. J’ai préparé le travail en amont en créant une lumière spécifique avec l’électro du tournage, je me suis occupé des réglages de la caméra, du choix des filtres etc…

Lors de cette après-midi, j’ai même eu l’occasion de pouvoir faire moi aussi mes propres manipulations de tissus devant la caméra.

Conclusion

Ce stage s’est avéré être une expérience riche et variée, j’ai pu à la fois observer différents corps de métiers impliqués dans une production de cinéma professionnelle. Au fur et à mesure de l’avancement du projet, j’ai su trouver ma place et fournir un travail technique et parfois artistique. Cette expérience apporte une nouvelle pierre dans la construction de mon parcours artistique et professionnel.

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